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Les histoires à la Dolci's

Chez Dolci's - Illustration croissants

Matteo ce boulanger pas comme les autres

Voici La Grande histoire de Matteo le boulanger, racontée par ses filles.

Matteo ce boulanger pas comme les autres de chez Dolci's
Génèse et coup de foudre
Chez Dolci's - Maman 17ans v2
Matteo jeune boulangerie Dolci's

Cette histoire commence à deux. Impossible de parler de Matteo sans parler de Béatrice notre maman. Notre père nous a raconté leur rencontre. Matteo a vu Béatrice pour la première fois dans une chapelle à Tilleur. Subjugué, il eut l’impression qu’elle était entourée d’un halo de lumière, comme s’il avait devant les yeux La Madone en personne !
On est en 1977. Mattéo et Béatrice font tous les deux partie d’une troupe de théâtre activiste anti-nucléaire. Ils tombent instantanément amoureux. Ils sont jeunes, elle est belle et se laisse avoir par ses airs de rebelle. Lui, c’est un kèkè boutonneux mais qui n’hésite tout de même pas à l’inviter à boire un verre. Vous en connaissez beaucoup qui oseraient ça, aujourd’hui, hein?!?

On se met au vert
Chez Dolci's - photo illustration mariage

A bientôt 18 ans, ils vont entrer dans leur vie professionnelle, elle comme aide-comptable, lui comme mécanicien chez Cockerill. Deux années plus tard, ils se marient et réalisent leur rêve: quitter Tilleur pour de plus verts pâturages remplis de chèvres et de petits oiseaux !

la premiere ferme avant la Boulangerie chez Dolci's
premiere ferme avant la boulangerie chez Dolci's

Ils louent une ferme et c’est le début de l’aventure ! Ils n’y connaissent absolument rien et apprennent tout sur le tas: cochons, vaches, chèvres, chevaux… Le credo c’est “on se lance puis on avise…”. En 1984, la petite Sabine naît avec deux parents aussi heureux que débordés et grandit au milieu des chevrettes !

Du pain et du muscle
Image premiere ferme historique boulangerie chez Dolci's

C’est dans cette ferme que nos parents vont découvrir sous des décombres un vieux four à pain. Au départ, ils fabriquent juste quelques pains pour accompagner les fromages de chèvres qu’ils vendent sur les marchés. Ils ont vite du succès et en produisent de plus en plus – et ce sans pétrin, à la force des bras ! C’est à ce moment-là, en 1987, que la petite Catherine naît de parents hyper musclés, aussi blanche que la farine qui va l’entourer toute sa vie.

Chez Dolci's - sabine et moi petites
Bovenistier, terre de promesses

La boulangerie prend de plus en plus de place dans leur vie. Mattéo et Béatrice quittent leurs emplois respectifs pour s’y consacrer et emménagent à Bovenistier, petit village de Hesbaye et futur Village du Pain ! Ils y achètent le café des sports du village, un grand bâtiment qui comprend une salle de spectacle et un café. Cette acquisition leur attire les foudres des habitants qui mettaient tout en œuvre pour que le bâtiment ne se vende pas, dans l’espoir que la Ville de Waremme y crée une salle des fêtes.

La guéguerre ne dure pas longtemps car la boulangerie s’intègre bien au village. Elle engage tous les jeunes qui le désirent à venir apprendre le métier de boulanger. Le passionné de rallyes automobiles devient même le chauffeur-livreur de la boulangerie ! Rapidement aussi, toutes les femmes au foyer du coin deviennent pâtissières… Bref, tout le village prend part à l’aventure et c’est parti pour l’âge d’or de notre famille.

Vivre dans un atelier de boulangerie, c’est vivre dans une agitation constante, la vie ne s’arrête jamais. Le matin, on déjeune avec les ouvriers devant Nicky Larson. A midi, on n’est jamais moins de 10 autour de la table. Les week-ends, on les passe sur les marchés et les magasins de dépôt-vente, à Liège et à Huy.

Le paradis de notre enfance s’appelait “Artisanat 2000” (on peut imaginer que ce nom sonnait comme le Summum de la Classe au début des années 90).

Le Village du Pain

Pour respecter le vœu des villageois, nos parents se sont fait la promesse d’obtenir une salle des fêtes pour Bovenistier. Avec d’autres habitants, ils créent l’association “le Village du Pain”. Quelques années plus tard, avec l’aide de la Fondation Rurale de Wallonie, ils obtiennent enfin cette salle. Elle s’appelle la « Bovinia » – une salle des fêtes polyvalente dans laquelle nous avons passé de merveilleux moments. (Peut-être qu’ils n’avaient pas un don pour choisir les noms)

En parallèle, l’école du village menace de fermer. C’est une magnifique petite école d’un autre temps, à l’ancienne. Il y a une seule institutrice pour les 6 années de primaire, madame Catherine Delooz et une autre pour les 3 maternelles, madame Fabienne Ella. Le Village du Pain se mobilise et organise une grande brocante annuelle pour trouver des fonds. Mission accomplie ! Cette école qui n’avait à l’époque qu’une vingtaine d’élèves existe toujours et en compte maintenant plus de 150.

Les années passent et l’envie de réaliser de nouveaux projets l’emporte sur la stabilité trouvée (Vous commencez à entrevoir un peu le personnage? Et ce n’est que le début, accrochez-vous !)

Trop c’est trop
Chez Dolci's - la ferme

Nos deux comparses décident de revenir à leurs premiers amours. La ferme, les chèvres et la fabrication du fromage leur manquent. Dans le cadre d’une superbe ferme condruzienne, ils rêvent de créer un espace ouvert à tous et d’y mêler le travail agricole mais aussi la culture, l’art, l’éducation – comme des journées à la ferme pour les écoles – et tant d’autres choses encore.

Un beau rêve mais après 3 ans, ils n’arrivent plus à tout gérer en même temps. Les travaux lourds et coûteux, les problèmes financiers – notamment une regrettable erreur de leur bureau comptable – finissent par les épuiser physiquement et mentalement. Ce projet – probablement trop ambitieux – aura malheureusement raison de leur couple.

Liège 2004
les travaux de la boulangerie chez Dolci'

Ça sonne un peu comme New York 1997 mais il n’y aura pas Kurt Russel dans notre histoire. Nous passons de la vie de château bucolique à l’enfer de la ville. A savoir, Place du Marché à Liège (Tan-tan-tannnn).

Avec le peu d’énergie et d’argent qui lui reste, notre père ouvre une petite boulangerie derrière le Palais de Justice, au milieu des brocanteurs et à deux pas de la rue Pierreuse. Dans le plus pur esprit punk, il ouvre sans aucune autorisation. Le bâtiment est loiiiiin d’être aux normes. Il y travaille presque seul: ceux de la première heure se souviendront bien d’Elisabeth. Nous, on y passe après l’école pour aider.

Au “Temps des Cerises”, les clients se servent tout seuls. De la machine à café à la caisse enregistreuse, tout est en autogestion. Pas de pain le matin: il arrange le fonctionnement de la boulangerie pour pouvoir travailler seul à la vente et à la fabrication !

You rascals ! ou “le combat de l’artisan face à la machinerie kafkaïenne du capitalisme”
2005 Soutiens des habitants à Matteo probleme afsca a la boulangerie chez Dolci's

Au bout de deux ans, L’AFSCA pointe le bout de son nez dans ce joyeux bordel – Agence Fédérale pour la Sécurité de la Chaîne Alimentaire, pour les novices. Vous imaginez le topo: l’AFSCA va jusqu’à poser des scellés sur le four. Mattéo les coupe et continue à travailler. Punk, on vous a dit.

Un bras de fer médiatique commence entre lui et l’AFSCA. Heureusement, grâce au soutien populaire, à quelques travaux de son côté et à quelques amendements de loi du côté de l’AFSCA, Matteo est autorisé à continuer d’exploiter son commerce en toute légalité.

Chez Matteo
Facade de la boulagnerie Chez Dolci's 2

Pendant 10 ans, l’aventure continue. Le lieu est tellement vivant et ancré dans son quartier qu’on le connaît peu sous le nom Le Temps des Cerises. On dit “chez Matteo” ou “la boulangerie du palais”. Il y a des ateliers pain ou encore des concerts certains soirs, des ateliers d’écriture…

La boulangerie engage régulièrement du personnel, la plupart du temps des jeunes à remettre sur les rails ou qui ont une activité artistique à développer en parallèle. Pour eux, la boulangerie est un moyen d’avoir un revenu stable pour pouvoir construire un autre projet. Sabine y devient pâtissière en 2011 et Catherine aura des petits contrats par-ci par-là entre deux aventures.

Au fil des années, Matteo confie de plus en plus la boulangerie à ses employés pour pouvoir se consacrer à d’autres passions: l’écriture de contes, la fabrication de meubles en carton… Malheureusement, au printemps 2016, on lui diagnostique un cancer du poumon à un stade déjà très avancé.

Le tournant du Destin

Sabine continue à faire tourner la boutique et Catherine vient prêter main forte au début de l’été. Notre seule envie à ce moment est d’offrir une fin de vie financière décente à notre père. Puis il meurt, 6 mois plus tard. La décision de fermer la boulangerie est trop douloureuse et c’est là que notre aventure à nous commence…

Ceci est un court résumé de la vie de Matteo. Ce sont nos souvenirs, parfois faussés peut-être, parfois complétés par ceux de nos parents. Il manque évidemment tant d’autres éléments à cette histoire dont nous sommes fières, tant d’autres choses qu’il a réalisées au cours de ses voyages en Roumanie, au Sénégal…

Nous, tout ce qu’on peut en dire, c’est que c’était aussi génial que mouvementé d’être les enfants de ce papa, fils d’immigrés italiens, qui n’a jamais eu de cesse de tenter de réaliser ses rêves.

La reprise

Là où l’histoire de Matteo s’achève, celle de la boulangerie continue ! N’allez pas penser que reprendre la boulangerie a été sinécure. Le joli temps où les enfants reprennent tout naturellement le commerce familial est bel et bien révolu. Aujourd’hui, c’est tout sauf simple ! On vous passe les détails, mais ça a pris 3 ans pour racheter l’affaire et pour que le dossier de Matteo Dolcimascolo soit clôturé chez le notaire. Trois ans difficiles, mais Ô combien formateurs !

Nous n’avons donc pas hérité de la boulangerie. Cependant, notre héritage est bien plus riche: nous avons appris à travailler de nos mains. Faire du pain est une chose bien naturelle quand on grandit dans un pétrin !

Catherine et Sabine de Chez Dolci's
Sabine (gauche) et Catherine (droite)

Sabine, c’est l’aînée, la responsable, Maman de deux enfants, c’est elle qui ancre la boulangerie dans le réel.
Catherine, c’est la cadette, la rêveuse, qui tient beaucoup à sa liberté, c’est elle qui apporte un grain de folie à la boulangerie.
Il est vrai que vous retrouverez plus vite Sabine à la fabrication et Catherine derrière le comptoir, mais elles se veulent toutes les deux polyvalentes et peuvent gérer chacune leur boulangerie de A à Z .

Catherine dans la boulangerie Chez Dolci's

Notre boulanger !

Michel Dubois

Formé comme aide-soignant, Michel, notre boulanger-ange gardien, est aussi sculpteur sur bois. Le matin, il prépare pains, baguettes, et brioches,l’après-midi il rejoint son atelier à saint-Leonard.

Michel est un hyperactif idéaliste à la vie professionnelle atypique dans laquelle les maître mots sont « curiosité » et « passion ».

Le KissKissBankBank

Chez Dolci’s comme partout, 2020 fut une année pas comme les autres. Alors qu’on faisait gentiment tourner la baraque depuis 2017 (entre la paperasse, les pannes du frigo, du laminoir et on en passe), la boulangerie doit mettre en chômage technique la plupart des employés et réduire drastiquement sa production. Ca tenait, pourtant. Puis bam, à la fin du printemps, un problème avec le four nous oblige à entreprendre des gros travaux.

C’était soit la clé sous la porte soit faire appel à la solidarité. Ce qu’on a fait via un financement participatif. Cette campagne a dépassé de très loin nos espérances: la boulangerie a récolté trois fois la somme demandée ! De quoi, sauver la boulangerie et même régler d’autres petits soucis restés en suspens.

Un moment très fort où on s’est rendu compte que ce lieu compte pour nous mais aussi pour beaucoup d’autres gens, les amis, la famille, le quartier. Alors longue vie à la boulangerie !

KissKissBankBank Facade de la boulagnerie Chez Dolci's
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